Ce que Tunis apporte à l’altermondialisme!


Plus de 25 d’an analyses des mouvements transnationaux me confortent dans l’idée que le mouvement altermondialiste est le plus grand mouvement social que l’humanité n’ait jamais produit. Certains prédisent régulièrement son essoufflement. Tunis nous aura, une fois de plus, enseigné le contraire.

Qu’est-ce que ce FSM a-t-il apporté de spécifique ? Tout d’abord, il s’est chargé de l’énergie du mouvement révolutionnaire tunisien pour le redynamiser en retour. Rappelons-nous des trois premiers FSM à Porto Alegre, dans une effervescence sociale et politique à laquelle nous n’étions plus habitués.  La guerre froide était vraiment derrière nous et nous n’étions pas arrivés, comme Fukuyama l’avait mal prophétisé, à la fin de l’histoire. Au contraire ! La « démocratie sociale » brésilienne donnait un nouveau souffle au monde : démocratie participative dans les villes, économie sociale et solidaire, mouvement paysans et urbains des « sans terres », des « sans toit » et des « sans travail ». Ces mouvements sociaux portaient en eux un « désir de politique » et permirent de porter Lula au pouvoir, et à sa suite, un certain nombre de leader de gauche en Amérique latine. L’Histoire devenait monde, et le désir d’Histoire devenait un désir de prendre part au devenir collectif de la planète.

À son tour, dix ans plus tard, Tunis s’est imposée – de manière évidente – comme l’épicentre actuel du mouvement altermondialiste, car il est un lieu emblématique du combat que se livrent les démocrates et républicains d’une côté, et ceux qui prônent la tradition davantage que l’émancipation; et parce qu’il est également à la croisée des impérialismes états-uniens, européens et arabes. La paix mondiale passe indéniablement par la paix en Méditerranée et dans ces confins africains et moyen-orientaux. Voilà pour une première spécificité.

Une seconde spécificité : la question du pouvoir planétaire n’est plus taboue ! De nombreux ateliers abordaient la question de la gouvernance, de la démocratie ou de la citoyenneté mondiales. La demande est forte de réflexions, de propositions et de stratégies pour organiser politiquement le monde, de manière démocratique et respectueuse des droits.

L’état de la planète est désormais connu ; il faut désormais passer à l’action. L’Humanité doit se constituer en « sujet », comme une « nation mondiale ». Voilà aussi ce que Tunis nous a donné à percevoir. Les solutions ne peuvent être que globales. Ni le système international ou onusien contemporain, fondé sur la diplomatie bi- ou multilatérale, ni bien sûr le G8 ou le G20 ne s’avèrent opérant pour mettre en œuvre une gouvernance mondiale démocratique. L’heure n’est-elle pas venue pour l’émergence d’un mouvement transnational visant à la création d’un Etat mondial démocratique ?

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