Produire et consommer autrement

Au début des années 80, dans la suite du situationnisme et dans la filiation libertaire de mai 68, l’autogestion est perçu par certains comme une troisième voie entre le « capitalisme réel » et le « socialisme réel », et leur affrontement stérile dans la guerre froide. L’idée défendue est double : d’une part il est possible de dépasser le capitalisme en constituant des « zones économiques libérées » de la spéculation, de l’exploitation et de l’organisation hiérarchique, et d’autre part, il est possible de mettre en place dès aujourd’hui des modes de production et de consommation novateurs, plus démocratiques et plus durables, sans attendre l’avénement aléatoire d’une société meilleure.

La CUAE (la Conférence universitaire des associations d’étudiants), le syndicat étudiant, est partagée entre différentes tendances marxistes radicales, notamment trotskistes et maoïstes. Un petit groupe autogestionnaire se forme, emmené notamment par son frère Eric Rossiaud. Jean s’y intégrera et sera ainsi co-fondateur de la Datcha (le restaurant autogéré de l’université), en 1984 et de la CIGUE (la Coopérative autogérée de logements étudiants) (1986). En 1994, Eric Rossiaud, dans la foulée, sera l’instigateur, puis l’animateur la CODHA (coopérative de l’habitat associatif), qui est aujourd’hui un acteur incontournable de la promotion coopérative de logements, et dont il est toujours président.

C’est en 2002, au deuxième Forum social de Porto Alegre, qui ouvre pour la première fois le champ de l’international à l’économie sociale et solidaire, que Jean Rossiaud présente à Eric Christophe Dunand, fondateur et directeur de REALISE,  l’une des plus importantes entreprises de réinsertion. De leur rencontre et de leur volontarisme, ainsi que de celui de Stanislas Zuin, futur Président de la Cour des comptes, naîtra APRES, la chambre de l’économie sociale et solidaire. En mai 2013, Jean Rossiaud est nommé responsable des « relations internationales » d’APRES. Il représente APRES au Congrès du RIPESS à Lille en juillet 2013. Mettant, comme bien d’autres militants associatifs, ses convictions en pratique, il est également membre des Charrotons, coopérative agricole contractuelle (AMAP), de Mobility, coopérative de carsharing,  de l’ATE, Association transport & environnement, et de la CODHA. Il soutient également une presse indépendante, par son engagement dans le Club des 500 du bimensuel La Cité, auquel il collabore à l’occasion.