Changeons de paradigme face à l’échec programmé de la COP21 !


Paris nourrit des ambitions, mais pourrait bien décevoir. Les décideurs politiques, en France, en Suisse ou ailleurs, plaident pour un accord, un nouveau pacte entre Etats. Faut-il douter de leur sincérité ?

De leur côté, les milieux altermondialistes, les associations, les collectifs, les syndicats, certains partis émettent de sérieux doutes : peut-on encore espérer quelque chose de Paris dans la situation actuelle ? Puis, c’est l’ONU qui « joue gros » en tant qu’organisation multilatérale : un échec à Paris pourrait légitimement nous faire perdre toute illusion que les conférences onusiennes sur le climat sont les lieux de décisions importantes.

Les décideurs pensent qu’il suffit de gagner la confiance de tous les partenaires de la conférence de Paris (COP21) pour adopter une véritable politique climatique. Ils évoquent la décarbonisation de notre mode de production et de consommation, mais se gardent bien de freiner l’économie. Leur croyance se résume en un « polluer moins sans toucher à la croissance ». Ils vont même jusqu’à se décharger d’une partie de leurs responsabilités pour accorder une confiance aveugle au secteur privé des assurances, de la finance pour qu’ils prônent l’investissement éco-responsable et en faveur des énergies renouvelables. Il suffit d’ailleurs de constater que les sponsors de la COP21 sont issus du milieu bancaire, des assurances, de grands groupes de l’énergie et bien d’autres entreprises encore pour se faire une idée de l’environnement de négociation qui règnera lors cette conférence sur le climat. De telles positions ne sont pas soutenables car il y a plusieurs prémisses cachées que nous pouvons facilement infirmer : les Etats veulent collaborer, ils sont de bonne volonté et le principe de croissance économique est premier.

Tout d’abord, les échecs à répétitions anciens et récents des conférences sur l’environnement et le climat (Rio, Kyoto, Copenhague, Lima) ont tous montré l’impossibilité des Etats à coopérer puisqu’ils s’agrippent à leurs propres intérêts et à la compétitivité avec les autres Etats au détriment de la préservation des communs globaux bien évidemment.

Ensuite, au moment de conclure des accords, les directives sont consensuelles, floues et peu contraignantes, les feuilles de route parfois inexistantes comme le démontre le récent exemple de la décarbonisation évoquée par le G7.

De surcroît, penser que le secteur privé et ses investissements verts peuvent contribuer à mener une véritable politique climatique est un leurre, puisque leur objectif premier reste la compétitivité. Ici déjà, nous comprenons que les deux degrés d’augmentation de la température seront largement dépassés – certains scientifiques prédisent une hausse de quatre à cinq degrés – et que la baisse des gaz à effet de serre (GES) ne sera même pas amorcée.

Que faire ? Trouvons de véritables alternatives et saisissons-les puisqu’elles existent déjà ! 

Il faut de toute évidence trouver une alternative au système multilatéral actuel. La gouvernance mondiale, supranationale et démocratique est une vraie solution. Trois raisons à cela.

Premièrement, un tel mouvement dépasse les Etats-nations et part de la base, à savoir des populations locales et en particulier celles qui subissent les conséquences du réchauffement climatique. Un rapport de force pourrait ainsi prendre forme.

Deuxièmement, penser de manière supranationale, c’est éviter le piège des intérêts nationaux, de la compétitivité et ainsi du torpillage des ressources.

Troisièmement, un tel système ouvrirait la porte à une coopération étendue, sans perdant, où tout le monde joue le jeu de la baisse des GES. Un système supranational doit reposer sur des initiatives locales. Alternatiba est un modèle à suivre. Ce collectif transnational lutte pour un système énergétique décentralisé, accessible à tous, contrôlé démocratiquement, sûr et basé sur le renouvelable. Il défend la souveraineté alimentaire et des solutions agro-écologiques plutôt que l’agro-business actuel. Ce genre d’initiatives locales donnent l’impulsion nécessaire pour ouvrir la voie à une ère post-nucléaire, post-fossile et post-spéculative.

Le lien entre l’échelle supranationale et locale doit être assuré. Pour cela, il existe la Coordination climat et justice sociale (CCJS). Elle relaye les constats et revendications du niveau local – des partis, associations, syndicats et collectifs – au niveau global.

Un système nerveux central d’un tel jeu d’échelle capable de prendre en compte une pluralité de revendications est une nécessité. C’est alors que le Forum social offre la possibilité de réfléchir aux priorités et aux droits des populations afin d’orienter la société vers une transition durable et solidaire.

Préférons une coopération crédible à un échec programmé ! Mettons fin à cette situation de guerre, guidée par les intérêts économiques, qui fait des populations locales et de l’environnement les victimes !

2 Responses to “Changeons de paradigme face à l’échec programmé de la COP21 !”

  1. Isabelle Muller Says:

    Le 3 décembre 2015, Wikileaks a divulgué 3 nouvelles « Annexes » de TISA : https://wikileaks.org/tisa/
    Les secteurs de l’énergie, de l’environnement et du transport sont concernés.

    Voici le communiqué de presse de la fédération syndicale « Internationale des services publics » :
    http://www.world-psi.org/fr/la-grande-arnaque-du-rechauffement-climatique

    Cordialement,
    Isabelle Muller
    membre Adetra

  2. Isabelle Muller Says:

    Le 3 décembre 2015, Wikileaks a divulgué 3 nouvelles « Annexes » de TISA : https://wikileaks.org/tisa/
    Les secteurs de l’énergie, de l’environnement et du transport sont concernés.

    Voici le communiqué de presse de la fédération syndicale « Internationale des services publics »
    http://www.world-psi.org/fr/la-grande-arnaque-du-rechauffement-climatique

    Cordialement,
    Isabelle Muller
    membre Adetra

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