Expertise en politique publique

Expertise en politique publique

Pour Jean Rossiaud, afin de comprendre le monde contemporain, il est important d’observer parallèlement le local et le global. Au début des années 2000, à côté de ses recherches sur la mondialisation et l’altermondialisme, il crée à l’Université de Genève l’Observatoire du local et des politiques de proximité. Les travaux de l’Observatoire seront repris en charge par l’association LES IDEES en 2006.

La mouvance squat

Lors des grandes manifestations de 1998 contre l’OMC, Jean Rossiaud avait observé que la mouvance squat de Genève avait servi de base arrière aux manifestants venus du monde entier (lien cf. Mobilisation globale, manifestations locales). Au sein de l’Observatoire, il mène donc des recherches sur le mouvement squat à Genève, à l’époque le plus important d’Europe. En effet, après les grandes années de spéculation effrénée de la fin des années 80, des centaines d’appartements sont laissés inoccupés et hors de prix alors que la crise du logement fait rage. Le mouvement squat prend donc de l’importance, notamment sur le plan symbolique. Il est emblématique du mouvement social générique pour deux raisons : tout d’abord, il met très clairement en évidence un conflit social central des sociétés capitalistes, celui qui oppose le « légal » (le droit de propriété) et le « légitime » (le droit au logement et la lutte contre la spéculation), ensuite il expérimente de nouvelles formes de vie quotidienne, en créant des « communautés électives », qui sont une nouvelle expression de la sociabilité dans la seconde modernité.

Les processus démocratiques et participatifs

Par ailleurs, dans la suite de ses observations du budget participatif de Porto Alegre qu’il avait menées lors d’un travail de post-doctorat au Brésil qu’il ponctue par la publication de deux livres (Democratização em Florinaópolis (1999) & A democratização incabavel (2000)) il reste très attentif à l’évolution des processus participatifs. Il sera mandaté pour représenter la Ville de Genève à la première rencontre de l’Observatoire international de la démocratie participative (OIDP) à Barcelone, et qui avait été créé lors du Forum social mondial de Porto Alegre en 2001. Enfin, il est également mandaté pour effectuer la médiation entre les squatters et la Ville de Genève sur des questions liées aux transformations urbaines, notamment sur le site dit d’ « Artamis », dans le quartier de la Jonction à Genève.

La violence

Il commence alors également à s’intéresser à la violence urbaine, puis à toutes les formes de violence. Il est de 2000 à 2006  président de l’association Appartenances-Genève, qui offre un appui psychologique aux migrants, notamment les personnes et les familles victimes de violences de guerres ou de violence politiques. Il donne un enseignement sur la sociologie de la violence à l’Institut d’études sociales de Genève. Après les manifestations à Genève contre le G8 d’Evian en 2003, qui rééditent en quelque sorte celles de 1998 contre l’OMC, il travaille comme expert dans la Commission extra-parlementaire sur les événements du G8 (cf. rapport). Enfin, croisant enseignement et recherche, il co-pilote de 2005 à 2006 un diplôme sur le post-traumatisme en Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation.

L’action socio-sanitaire communautaire

Par ailleurs, en 2000, le Service social de la Ville de Genève se lance dans une réforme importante, dont l’objectif est de faire passer ses travailleurs sociaux de l’assistance sociale individuelle à l’action sociale communautaire. La Ville commandite l’Observatoire du local et des politiques de proximité pour qu’il propose un certain nombre d’outils conceptuels et méthodologiques pour étayer la mise en œuvre de cette politique, pour effectuer une proposition de réorganisation du service et pour mettre en place et former des nouvelles équipes. Ce travail de longue haleine (2000-2007) aboutit à la première étude disponible sur l’ensemble du territoire de la Ville. Le « rapport Rossiaud » restitue, en une photographie globale, la synthèse des informations qualitatives et quantitatives, utiles à l’action sociale communautaire de proximité, sur la totalité de la Ville.

La Ville est divisée en huit secteurs socio-sanitaires. Les huit rapports de secteurs (Saint-Jean / Charmilles; Eaux-Vives; Pâquis; Champel; Servette / Petit-Saconnex; Jonction ; Grottes) qui constituent autant d’annexes au rapport, permettent de zoomer sur les 38 quartiers qui sont découpés selon la morphologie urbaine et les cartographies mentales des 160 personnes-clés interrogées dans le cadre de l’étude. Fin 2005, c’est l’association LES IDEES qui reprend à son compte les deux observatoires et qui éditera ces rapports en 2007 sous le titre : Outils pour l’action socio-sanitaire communautaire de proximité en Ville de Genève : Problématiques du lien social, profils de territoires et réseaux d’acteurs.