Humanitaire Paix Antimilitarisme

Jean Rossiaud a travaillé comme délégué du Comité international de la Croix-Rouge de 1986-1988, comme délégué polyvalent au Soudan et en Ethiopie (Tigré) et comme coordinateur des secours au Pérou.

Cette expérience ne le laisse pas indemne. Il reste impressionné par le professionnalisme et l’efficacité pratique du CICR dans les zones de conflits, tant dans l’assistance apportée aux victimes, de l’aide aux familles, que dans le soutien moral apporté aux prisonniers politiques et militaires, indépendamment de l’idéologie qu’ils défendent ou des combats qu’ils mènent. Dans un monde en guerre, l’Humanitaire est une nécessité. Il est donc important de bien saisir les dimensions politiques et culturelles, ainsi que les dilemmes éthiques que pose l’action humanitaire sur ses différents terrains d’intervention. Il intégrera, comme coordinateur, le premier Diplôme en Action humanitaire dispensé par le programme plurifacultaire en Action Humanitaire de l’Université de Genève (1998-2005). Parallèlement, et dans la suite de ses travaux sur Tchernobyl, il co-dirigera le programme de recherche plurifacultaire MRM (Management des Risques majeurs), dont l’objectif est de proposer des politiques publiques de prévention des catastrophes (« naturelles », technologiques et conflits armés), de gestion de risque et de gestion de catastrophes.

Mais l’humanitaire, si indispensable qu’il soit pour répondre aux besoins immédiats des victimes n’est qu’un pis-aller. L’engagement doit prioritairement porter sur la promotion de la paix et la gestion des conflits avant que les guerres n’éclatent. Il intègre, à son départ du CICR en 1988, le Comité Paix Genève, célèbre pour avoir organisé une grande manifestation contre le sommet Reagan-Gorbatchov en 1985, et collaborera à la revue Dissidences, puis Forum-Dissidences (de 1988-1993). Parallèlement, il s’était engagé pour promouvoir la première initiative du Groupe pour une Suisse sans Armée (GSsA) pour l’abolition de l’armée en Suisse (1988-1989).

C’est le Comité Paix Genève qui co-fondera, dès la fin de la guerre froide,  le Helsinki Citizens Assembly à Prague en 1990;  Jean Rossiaud, devenu coordinateur pour la Suisse, installe le HCA dans les locaux du International Peace Bureau, très ancienne institution pacifiste (détentrice de plusieurs prix Nobel de la Paix).

L’intervention américaine en Irak (1991), suite à l’invasion du Koweit par l’Irak (août 1990) relance le mouvement anti-guerre. Le Comité Paix Genève fonde avec plusieurs autres organisations une très large coalition d’organisations contre la guerre dans le Golfe. Même si la mobilisation, à Genève et sur le plan international, est très forte, elle n’empêchera aucunement les Etats-Unis de mener leur guerre à terme.

Puis, c’est la mobilisation contre la guerre en Yougoslavie, en plein coeur d’une Europe que l’on croyait définitivement à l’abri des conflits armés, qui mobilise les mêmes acteurs. En vain également. Ces désillusions successives vont porter un coup certain au mouvement pacifiste, qui sera bien affaibli au moment de se mobiliser, pour ce qui reste pourtant à ce jour la plus grande manifestation mondiale de tous les temps : celle du 15 février 2003 contre la deuxième guerre états-unienne en Irak.

Son engagement professionnel dans le cadre du Forum pour une nouvelle Gouvernance Mondiale, puis du Forum démocratique mondial, procède de ce même engagement pour la paix, la solidarité internationale et la démocratie planétaire.