Le Conseil Municipal de Genève déclare la ville hors TISA

jeudi, octobre 8th, 2015

Hier 7 octobre 2015,  la Ville de Genève s’est déclarée hors TiSA à une écrasante majorité de 52 voix pour, 21 contre et 1 abstention, suite à l’acceptation de la Résolution R-181 présentée notamment par Alfonso Gomez (Président des Verts Ville de Genève) et Pierre Gauthier.

Jean Rossiaud, dans sa prise de parole au Conseil municipal : «Les Etats sont empêtrés dans leurs liens diplomatiques. C’est aux villes et aux communes d’agir et de promouvoir l’opposition à TISA.» (cf. La Tribune de Genève du 7 octobre 2015 , voir aussi Le Courrier du 8 octobre 2015).

« Quand nous dénonçons TISA,  TTIP ou TAFTA, c’est la même politique globaliste que nous combattons : la globalisation des marchés, considérée uniquement sous l’angle du néo-libéralisme. Les négociations secrètes bafouent la démocratie. Les accords empêchent tout contrôle par les Etats, et mettent à mal le concept-même de l’Etat de droit démocratique. Ce sont toujours les collectivités locales qui subissent de plein fouet les conséquences néfaste des politiques néolibérales ».

Photo ONUDepuis 2014, Jean Rossiaud s’est beaucoup impliqué dans cette bataille, alors qu’il était délégué des Verts suisses au Parti vert européen (PVE) et membre de la Coordination des Global Greens. Il a notamment participé à la résolution du Parti Vert européen de février 2014 sur le TTIP.  Dans une précédente interview à propos du TTIP, il estimait qu’un éventuel accord serait inacceptable d’un point de vue démocratique, pour les pays partenaires autant que pour les pays tiers, comme la Suisse (voir  Le Temps ).

Au niveau de l’Union européenne, on va également de l’avant. Le député européen vert  Matthias Fekl dénonce l’attitude des Etats-Unis dans les négociations du traité transatlantique, Danielle Auroi, députée EELV du Puy-de-Dôme et Présidente de la commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale en France et Yannick Jadot, eurodéputé EELV et Vice-président de la commission du Commerce international au Parlement européen demandent l’arrêt des négociations, à la veille de la Journée internationale anti-TAFTA qui aura lieu le 10 octobre prochain. Stop au Traité Transatlantique : chiche Monsieur Président .

Ce n’est pas le moment de faiblir!

Pour en savoir plus en Suisse, voir l’interview de Stefan Griger, Secrétaire général du syndicat des Services publics pour la défense des services publics. Pour en savoir plus sur le processus des négociations plurilatérales TISA, voir la chronologie exposée par le SECO (secrétariat d’Etat au Commerce / CH).

Changeons de paradigme face à l’échec programmé de la COP21 !

vendredi, octobre 2nd, 2015

Paris nourrit des ambitions, mais pourrait bien décevoir. Les décideurs politiques, en France, en Suisse ou ailleurs, plaident pour un accord, un nouveau pacte entre Etats. Faut-il douter de leur sincérité ?

De leur côté, les milieux altermondialistes, les associations, les collectifs, les syndicats, certains partis émettent de sérieux doutes : peut-on encore espérer quelque chose de Paris dans la situation actuelle ? Puis, c’est l’ONU qui « joue gros » en tant qu’organisation multilatérale : un échec à Paris pourrait légitimement nous faire perdre toute illusion que les conférences onusiennes sur le climat sont les lieux de décisions importantes.

Les décideurs pensent qu’il suffit de gagner la confiance de tous les partenaires de la conférence de Paris (COP21) pour adopter une véritable politique climatique. Ils évoquent la décarbonisation de notre mode de production et de consommation, mais se gardent bien de freiner l’économie. Leur croyance se résume en un « polluer moins sans toucher à la croissance ». Ils vont même jusqu’à se décharger d’une partie de leurs responsabilités pour accorder une confiance aveugle au secteur privé des assurances, de la finance pour qu’ils prônent l’investissement éco-responsable et en faveur des énergies renouvelables. Il suffit d’ailleurs de constater que les sponsors de la COP21 sont issus du milieu bancaire, des assurances, de grands groupes de l’énergie et bien d’autres entreprises encore pour se faire une idée de l’environnement de négociation qui règnera lors cette conférence sur le climat. De telles positions ne sont pas soutenables car il y a plusieurs prémisses cachées que nous pouvons facilement infirmer : les Etats veulent collaborer, ils sont de bonne volonté et le principe de croissance économique est premier.

Tout d’abord, les échecs à répétitions anciens et récents des conférences sur l’environnement et le climat (Rio, Kyoto, Copenhague, Lima) ont tous montré l’impossibilité des Etats à coopérer puisqu’ils s’agrippent à leurs propres intérêts et à la compétitivité avec les autres Etats au détriment de la préservation des communs globaux bien évidemment.

Ensuite, au moment de conclure des accords, les directives sont consensuelles, floues et peu contraignantes, les feuilles de route parfois inexistantes comme le démontre le récent exemple de la décarbonisation évoquée par le G7.

De surcroît, penser que le secteur privé et ses investissements verts peuvent contribuer à mener une véritable politique climatique est un leurre, puisque leur objectif premier reste la compétitivité. Ici déjà, nous comprenons que les deux degrés d’augmentation de la température seront largement dépassés – certains scientifiques prédisent une hausse de quatre à cinq degrés – et que la baisse des gaz à effet de serre (GES) ne sera même pas amorcée.

Que faire ? Trouvons de véritables alternatives et saisissons-les puisqu’elles existent déjà ! 

Il faut de toute évidence trouver une alternative au système multilatéral actuel. La gouvernance mondiale, supranationale et démocratique est une vraie solution. Trois raisons à cela.

Premièrement, un tel mouvement dépasse les Etats-nations et part de la base, à savoir des populations locales et en particulier celles qui subissent les conséquences du réchauffement climatique. Un rapport de force pourrait ainsi prendre forme.

Deuxièmement, penser de manière supranationale, c’est éviter le piège des intérêts nationaux, de la compétitivité et ainsi du torpillage des ressources.

Troisièmement, un tel système ouvrirait la porte à une coopération étendue, sans perdant, où tout le monde joue le jeu de la baisse des GES. Un système supranational doit reposer sur des initiatives locales. Alternatiba est un modèle à suivre. Ce collectif transnational lutte pour un système énergétique décentralisé, accessible à tous, contrôlé démocratiquement, sûr et basé sur le renouvelable. Il défend la souveraineté alimentaire et des solutions agro-écologiques plutôt que l’agro-business actuel. Ce genre d’initiatives locales donnent l’impulsion nécessaire pour ouvrir la voie à une ère post-nucléaire, post-fossile et post-spéculative.

Le lien entre l’échelle supranationale et locale doit être assuré. Pour cela, il existe la Coordination climat et justice sociale (CCJS). Elle relaye les constats et revendications du niveau local – des partis, associations, syndicats et collectifs – au niveau global.

Un système nerveux central d’un tel jeu d’échelle capable de prendre en compte une pluralité de revendications est une nécessité. C’est alors que le Forum social offre la possibilité de réfléchir aux priorités et aux droits des populations afin d’orienter la société vers une transition durable et solidaire.

Préférons une coopération crédible à un échec programmé ! Mettons fin à cette situation de guerre, guidée par les intérêts économiques, qui fait des populations locales et de l’environnement les victimes !